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Je me dévoile
12 janvier 2007

L'horloge (Mylène Farmer)

Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible

Dont le doigt nous menace et nous dit « Souviens-toi ! »

Les vibrantes douleurs dans ton cœur plein d’effroi

Se planteront bientôt comme dans une cible ;

« Le plaisir vaporeux fuira vers l’horizon

Ainsi qu’une sylphide au fond de sa coulisse ;

Chaque instant te dévore un morceau du délice

A chaque homme accordé pour toute sa saison.

« Trois mille six cent fois par heure, la Seconde

Chuchote : Souviens-toi ! – Rapide, avec sa voix

D’insecte, maintenant dit : Je suis autrefois,

Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !

« Remember ! Souviens-toi, prodigue Esto memor !

( Mon gosier de métal parle toutes les langues.)

Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues

Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or !

« Souviens-toi que le temps est un joueur avide

Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi.

Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !

Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.

« Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,

Où l’auguste Vertu, ton épouse encore vierge,

Où le repentir même ( oh ! la dernière auberge !),

Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! »

Texte de Charles Baudelaire

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